Torpeur


Un coucher de soleil à l’horizon d’une mer émeraude, quel spectacle grandiose ! Le regard noyé dans cette immensité, pas d’extase pour mon cœur meurtri par un amour perdu. Cependant, merci dame nature, merci pour ce rappel à la vie. Notre terre inondée par tant de beautés, une belle compensation aux douleurs assassines ; allez ! Au diable ma souffrance ! Pas question d’un fuyant départ pour l’au-delà. Les cheveux défaits par le souffle d’un vent violent, mes pas dans le sable encore chaud et le regard tourné vers un avenir nouveau ; mea-culpa pour mes fautes, mes erreurs et mes faiblesses.
Comme un appel à la curiosité, un peu plus loin, une lueur presque aveuglante d’une beauté exceptionnelle. L’esprit captivé, vers elle une course effrénée pleine de questions délirantes. Cette lueur attirante… Un signe du destin salvateur où un piège ? Peut-être mon ange gardien ? Ou bien une hallucination, ou encore, un rêve éveillé ? Peu importe. Sur la plage, au fur et à mesure de ma progression, les marques de mon empressement, et l’espoir tant espéré d’un contact spirituel et salvateur.
Fascinée par cette étrange lueur sortie de nulle part, l’apaisement dû à ses rayons chauds et diffus, et enfin… un peu de répit ! Un retour au calme dans cette déferlante de pensées parasites, polluantes et déstabilisantes. La réorganisation de mes priorités pour un nouveau départ ; une évidence.
A quelques mètres, un rocher dressé comme une invitation au repos. Assise sur son point culminant, devant moi la splendeur du paysage. Concentrée, les yeux fermés, grande remise en question obligée. Mais malgré tous mes efforts, l’incapacité de raisonnement dans mon esprit vide d’intérêts, vide de sens.
Sans mon amour perdu, dans l’attente d’un signe du destin ou d’une pensée plus constructive, mon être fébrile et figé, plongé dans l’inconscience du danger de la marée montante. Une vigilance en berne, plus d’attention, pas même pour l’alerte des vagues moussantes et mourantes sur le rocher dans un fracas extrême. Petit à petit, mon être sournoisement encerclé par l’assaut des vagues. L’esprit absent, le corps à moitié plongé sous l’eau, pas de réaction. Mon être subtil noyé dans la lumière et ma chair dans la mer, la fin de ma vie, une évidence. Mais voilà ! Au plus profond de ma conscience émergente, l’instinct de survie, ses lois, ses espoirs. Un dernier sursaut désespéré, et me voici à présent dans les tourments d’une mer déchainée. Une lutte acharnée des heures durant contre les éléments meurtriers. Puis, la lueur, ce guide inespéré, ces rayons lumineux dirigés vers la plage, une offrande bienvenue, la direction requise dévoilée. L’espérance, la foi, l’aide des énergies cosmiques et la conviction d’une vie meilleure, allée ! Encore un ultime effort…
Ma peau déchirée par les roches, râpée par le sable, le corps lourd et douloureux, me voici enfin de retour sur la plage dans un épuisement total. Après un long moment de récupération, un tour d’horizon du regard. Plus de lueur, disparue, envolée ! Le piège de la mort vaincu par l’inconscient. La vie si précieuse, ce don cosmique, un trésor inestimable bien plus important qu’un amour perdu. Alors la vie et l’amour universel, voici mon objectif pour un avenir plus beau et plus serein.


Publié le 17 juin 2014

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L'auteur

Martine Suzanne Calvayrac

Âge : 69 ans
Situation : Célibataire
Localisation : Meudon la forêt (92) , France
Profession : Artiste peintre, auteur
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