"Arc en ciel"


Dans l’art de l’écriture, comme dans l’art de la vie, à la lumière, les perles dévoilées. Avec ou sans verbe, voilà, nobles seigneurs, la séculaire question. Ou même, en absence de raison et de sens, l’imagination du doux ravissement des rêves les plus fervents. L’abyssale plongée, passionnée, dans la magnifique mer des sirènes chantantes, des hippocampes soumis à vos ordres, à la fantaisiste ainsi que magique rencontre des subtilités les plus exquises, compte tenu de l’attente des souhaitées myriades d’illusions. Une somptueuse brume, couverture d’astres et d’étoiles - douce, colorée et chaleureuse – par le sentier secret d’une issue perdue, à la rencontre des âmes sereines et des cœurs chimériques ! Les grands écrivains du siècle des lumières – dans les nuances les plus distinctes – esclaves d’un système, celui de la finitude des verbes au caractère servile, véritables menottes d’aureus, ou manilles d’acier en guise de bourreaux issus de l’art médiéval. Leur art : travail de longue haleine ou majestueux Obra, avec ses multiples facettes, cœurs fusionnés dans l’éternel, culte de leur consécration. Cependant, pas asservis : oiseaux sauvages jamais domestiqués, comme les mers sauvages jamais empruntées, inconnues des héroïques explorateurs portugais, Hommes soi-disant civilisés porteurs de la pureté, de charme inconnus, aux yeux dénudés des indigènes. Sauvages comme des autochtones aborigènes, peuples des forêts et des montagnes, dans un rite de foi et une étreinte fraternelle, leurs côtes et leur sueur offertes. Un texte sans verbe articulé ou une lettre d’amour sans sentiment comme authentique tatouage calligraphié ? Comme un texte orphelin ? Expressions singulières ou entachées, précieuses ou obscures, dociles ou à la peau grossière, sans l’alchimie de verbiage, sédimentées dans le cœur des gens mondains ?
Quel sens à une passion révélée ? Aux tons des lettres verbalisées ? L’intention inaccessible d’une exposition sublime, le caractère élevé d’une tendresse sédimentée.
La lettre matérialisée, voile de sagesse tatouée sur l’esprit humain, dans l’immortel et spirituel cœur des êtres de notre dimension terrestre... Quelle authenticité cachée et réveillée, grossièreté impardonnable d’un café sans crème ? Et le plaisir perdu d’une crêpe Suzette sans l’arôme incomparable d’un Grand Marnier ? Ou une quiche sans l’exotisme du poireau ? Et quelle conquête efficace d’un territoire, d’un film romantique sans la bande sonore et un chant mélodieux hypnotisant ? Comme un banquet sans endives, asperges, cœurs d’artichauts, câpres, palmettes, sans un extra vierge authentique espagnol, une mer de parmesan et gruyère, ciabatta , croissant au beurre et une forêt gastronomique sans sechi funghi ? une boulangerie sans massepain et noix ? L’Atlantique sans son univers de fruits de mer authentique ? Amère la réalité crue de la vie sans une énorme barre de chocolat suisse, sans dessert du jour, sans un verre d’incomparable Porto. Quelle nuit de plaisir torride sans le mirage d’une bouteille de majestueux Champagne ? Quelle expérience possible de la vie et de la culture sans un immense et infini étage avec la douceur des fruits de la Terre Mère, une célébration des plus intraduisibles saveurs, comme carambole, goyave, banane, açaï, jaboticaba, les raisins de cupuaçus, oranges, pêches, poires, cerises, mangues ? Possible le passage au travers d’une cascade sans une solide et précédente expérience des difficultés ? Admissible, une palette aux mains de Renoir ou Van Gogh attrapée avec affection, teintée uniquement de noir et de blanc ? Mais voici la broderie de la fantaisie, par les oracles divins, véritable révélation pour les Hommes : la Nature !
Quel sens aux nuits perdues dans des sommeils sans rêves, les draps sans parfum viril du sexe de la nuit dernière, sans les visqueux nectars des orgasmes dispersés, les attristées oreilles froides sans les secrets avoués, la déception et l’amertume d’une bouche sans baisers, la truculence des amants oubliés par la dure réalité de la lutte de tous les jours, l’amertume d’une histoire d’amour détruite sans même un « au revoir », chimère d’un triomphe supposé, perdue pour la servilité envers le mammon matérialiste.
Mon cœur entrouvert par l’éclat de l’idéal d’un rêve structuré, découvertes personnelles, univers d’espoir, actions et attitudes d’aide mutuelle. Un hymne d’amour à la mère Afrique en résonnance de toutes les dimensions de la terre. Triste notre monde actuel, secoué, désolé, exempt de la marche collective, sans compagnons de route et d’actions partagées et légitimes, sans larges sourires. Des parcs publics sans enfants au cœur tendre, sans pique-niques ensoleillés. L’austérité excessive de la société moderne en balance avec l’absence d’une originalité spontanée et enfin et même pire : identité oubliée, lâcheté, absence de scrupule et de respect pour le règne animal, manipulation viscérale, égoïsme effréné de notre supposée et improbable suprématie. Ainsi va le tourbillon rythmique, la musique entendue, l’évolution expérimentée en victoires et en défaites ; en jours et en nuits ; sous le soleil et la pluie ; dans la réalité et dans le rêve. Notre vie sur cette planète, comme un étrange cirque, néfaste et plein d’horreurs, illusion de société humaine, capitalisme déguisé : oiseau sans ailes, nuit sans étoiles, sous la pluie, sans la promesse d’un arc en ciel.
Carmen Cardin


Publié le 16 juin 2014

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L'auteur

Etoile de la Mer

Âge : 58 ans
Situation : Célibataire
Localisation : Rio de Janeiro (21) , Brésil
Profession : professeur et cuisinier
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